STTP - 2022-05-06 - L’avortement fait partie des droits de la personne

L’avortement fait partie des droits de la personne

Partager

Vendredi 6 Mai 2022
2019-2023/365

Le texte provisoire ayant fait l’objet d’une fuite médiatique laisse entendre que la Cour suprême des États-Unis se sent tout à fait à l’aise d’annuler l’arrêt Roe c. Wade.

Le lundi 2 mai, en soirée, la version provisoire d’une décision a fait l’objet d’une fuite médiatique. Le document indiquait que la Cour suprême des États-Unis était prête à annuler l’arrêt Roe c. Wade, mettant ainsi fin à un précédent qui protège le droit à l’avortement depuis 49 ans. Si elle demeure inchangée, la version finale de cette décision, attendue pour la fin de juin ou le début de juillet prochain, aura des conséquences néfastes pour des millions d’Américaines. 

Le STTP se dit en colère et dégoûté à l’idée de voir se produire une telle attaque contre le droit des femmes à leur intégrité physique et au contrôle de leur avenir. L’annulation de l’arrêt Roe c. Wade aura l’effet presque immédiat de limiter encore davantage l’accès à l’avortement dans une grande partie des États du Sud et du Midwest, où environ la moitié des États sont prêts à interdire, sur le champ, une très grande partie des avortements.    

Élément majeur des soins de santé, l’avortement est un acte médical nécessaire pour des millions de femmes, de filles et de personnes susceptibles de tomber enceintes. L’avortement fait partie des droits de la personne, et la poursuite, sous la contrainte, d’une grossesse non désirée ou l’obligation de recourir à un avortement non sécuritaire sont des mesures qui violent les droits de la personne, dont le droit à la vie privée et à l’intégrité physique. Un nombre incalculable de données statistiques provenant de partout dans le monde indiquent que la criminalisation de l’avortement n’empêche en rien la procédure d’avoir lieu; elle ne fait que la rendre moins sécuritaire.    

 

Une nouvelle déconcertante, mais pas étonnante       

La nouvelle selon laquelle la Cour suprême entend annuler l’arrêt Roe c. Wade nous donne un choc, mais ce ne devrait pas être le cas puisque le président Trump avait promis, en campagne électorale, qu’il nommerait, à la Cour suprême, des juges qui annuleraient l’arrêt Roe c. Wade, et il a respecté sa promesse. En effet, trois des quatre récentes nominations ont été proposées par le Sénat précisément pour accroître les chances de mettre fin aux mesures protégeant l’avortement.    

La décision ayant fait l’objet d’une fuite médiatique nous secoue parce qu’elle expose la possibilité, plus probable que jamais, que, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, les femmes et les filles ne bénéficient pas des mêmes choix que leur mère en matière de reproduction et d’intégrité physique, et ce, dans près de la moitié des États.  

Stupéfaction et découragement : voilà les sentiments que suscite la suppression de ce droit fondamental, obtenu après des décennies de lutte et à la suite du décès de milliers de femmes dont l’unique possibilité était de subir un avortement illégal et dangereux. 

 

Le Canada est-il à l’abri de pareille décision?  

Au Canada, l’avortement n’est visé par aucune loi fédérale. Malgré sa décriminalisation, en 1988, l’avortement demeure inaccessible pour de grands pans de la population. En réalité, l’accès à l’avortement est très restreint, sauf en Colombie-Britannique, en Ontario et au Québec. Et dans les régions rurales, les régions éloignées et les communautés autochtones, l’accès y est pratiquement inexistant.  

Les femmes doivent se rendre là où le service est offert, parfois même dans une autre province, et payer elles-mêmes leur avortement. Au Nouveau-Brunswick, dilemme supplémentaire pour les femmes, car la province ne finance aucun avortement pratiqué ailleurs que dans un hôpital.    

Depuis longtemps, la population du Canada se croit en quelque sorte supérieure aux Américains. De plus, elle estime que la montée de l’extrême droite aux États-Unis ne risque pas de traverser la frontière. Sauf que l’extrême droite est déjà ici, et ce, depuis toujours.  

En matière de droit à l’avortement, de nombreux projets de loi d’initiative parlementaire ont été déposés dans un but de réduction des services. Le dernier en date, qui remonte à 2021, a obtenu l’aval de 25 % de la Chambre des communes. Selon la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada, 88 des 119 députées et députés conservateurs sont pro-vie.      

Bien que, au Canada, aucun des projets de loi d’initiative parlementaire visant à restreindre le droit à l’avortement n’ait été adopté, la menace demeure bien présente. Et pour cette raison, il ne faut pas traiter ces projets de loi à la légère. L’enjeu demeure réel, et nous savons ce qui arrive quand la population se montre complaisante.         

La politique D-8 des statuts nationaux du STTP exprime l’appui du Syndicat en faveur du droit à l’avortement. Le Syndicat appuie les efforts incessants de ses alliés pour protéger le droit à l’avortement légalisé et la lutte pour un meilleur accès à l’avortement, ici même et à l’étranger.         

Il est impossible de ne pas ressentir du découragement et de la colère quand on constate les attaques contre le droit à l’avortement aux États-Unis. On a l’impression d’être de retour à la case départ. La seule façon de s’en sortir consiste à se mobiliser pour défendre ses droits. Pour y parvenir, il faut faire du lobbying et élire des leaders qui appuient l’accès à l’avortement et se portent à la défense de la santé maternelle. Toutefois, il faut aussi mettre sur pied de solides organisations capables de se tenir debout quand les élus nous laissent tomber. 

Julee Sanderson
1st National Vice-President (2019-2023)