Nous estimons nécessaire de réagir à la lettre trompeuse que M. Ettinger a envoyée aux membres cette semaine. Soit il est mal informé, soit il ne saisit pas bien la crise qui découle des décisions de sa propre équipe pour miner nos droits et s’accaparer plus de pouvoir.
La situation financière de Postes Canada découle des décisions de sa haute direction. La société d’État dépense sans compter, ses dépenses autres qu’en main-d’œuvre grimpent en flèche. Ses états financiers indiquent que, de 2017 à 2023, ses dépenses non salariales ont augmenté de plus d’un milliard $ par année, soit une hausse de 56,5 %. Au cours de la même période, nos salaires n’ont augmenté que de 14,1 %. Par ailleurs, de mai 2023 jusqu’à au moins mai 2025, Postes Canada est exemptée de cotisations au régime de retraite. Ce ne sont pas nos salaires et nos avantages sociaux qui sont en cause, mais bien la mauvaise gestion et les dépenses excessives de Postes Canada. La véritable question à se poser est la suivante : où va tout l’argent que dépense Postes Canada?
À l’origine, le plan quinquennal de Postes Canada allouait quatre milliards $ pour la mise à niveau des infrastructures afin de répondre à l’explosion du nombre de colis durant la pandémie. Or, lorsque la croissance du nombre de colis a fléchi, Postes Canada a continué de dépenser.
En somme, quatre milliards $ dépensés en cinq ans équivaut à 800 millions $ par année, d’où la perte financière de 748 millions $ pour l’exercice 2023. Ce n’est pas une coïncidence. Si vous planifiez rénover votre maison et que vous perdez votre emploi, allez-vous quand même réaliser les travaux?
Bien sûr que non! Pourtant, Postes Canada a continué de dépenser malgré la stagnation, préparant ainsi le terrain en vue des négociations avec le STTP. Les arguments de Postes Canada prennent appui sur son manque à gagner. Si elle avait mis un frein à l’achat de véhicules qui dorment dans les stationnements, si elle avait reporté ses travaux de rénovation et retardé ses investissements en informatique, appareils de télématique et caméras de surveillance pour nous épier, elle serait incapable de justifier les reculs et les changements qu’elle veut nous imposer en raison de sa soi-disant « crise financière ».
En 2022, M. Ettinger et ses cadres ont informé la société Amazon que Postes Canada n’avait pas la capacité de traiter ses colis. Résultat : Amazon est allée voir ailleurs. La diminution du nombre de colis est majoritairement attribuable à cette mauvaise décision. Si la Société avait conservé Amazon parmi ses clients, elle ne pourrait pas invoquer la « crise » comme argument à la table de négociation.
Fait intéressant, les états financiers de Postes Canada de 2018 et de 2023 indiquent le même nombre total de colis (296 millions). Malgré le nombre élevé de colis durant la pandémie, il était naïf de croire que cette hausse allait se poursuivre. D’un point de vue positif, les revenus tirés de ce même nombre de colis ont augmenté de 39 % depuis 2018, atteignant 3,482 milliards $ en 2023.
Nous traitons le même nombre de colis, qui génèrent un revenu beaucoup plus élevé par unité, mais nous avons perdu 30 % du marché : voilà de grandes acrobaties comptables!
Postes Canada utilise les données du « marché des colis », qui comprennent les colis qu’Amazon livre elle-même ou qu’elle fait livrer par son sous-traitant Intelcom. Or, il ne s’agit pas du marché réel, car aucune autre entreprise n’est en compétition pour livrer les colis d’Amazon. Alors pourquoi tenir compte des colis d’Amazon? Parce que le fait d’en tenir compte fait paraître la situation pire qu’elle ne l’est en réalité! Soyons honnêtes : l’heure n’est pas aux enfantillages. Dans la vidéo, M. Ettinger indique que Postes Canada cible de manière sélective certains colis plutôt que d’autres, mettant ainsi en évidence le mode de pensée irrationnel de la haute direction.
M. Ettinger et son équipe doivent assumer la responsabilité de nombreux enjeux névralgiques : son manque de personnel de vente, les changements draconiens et déstabilisants imposés au réseau de livraison, le manque d’effectifs, les retards de livraison et la non-livraison du courrier, sans oublier les pressions incessantes sur les travailleurs et travailleuses de première ligne qu’exercent les superviseurs, dont l’embauche s’est accrue, ce qui contribue au climat démoralisant qui s’est installé dans les lieux de travail. Il serait par ailleurs possible d’éviter les coûts liés à l’arbitrage et aux dossiers du PAICD portés en appel, mais il est évident que le plan de Postes Canada se concentre davantage sur le contrôle des travailleurs et travailleuses et du Syndicat que sur les économies.
Le fait que la concurrence livre directement à domicile plutôt qu’à une boîte postale communautaire, comme nous le faisons, et qu’elle maintient un lien direct avec ses clients constitue sans doute pour ceux-ci l’élément central de leur choix de livraison.
Le STTP a proposé à Postes Canada de nombreuses initiatives de diversification des services, dont la mise en œuvre des nouveautés suivantes : banque postale, service de vigilance, plateforme efficace de commerce en ligne destinée aux PME du Canada et nouveaux services de livraison.
Ces nouvelles mesures, porteuses de revenus, n’ont pas encore été acceptées par Postes Canada, qui se montre indifférente à tout ce qui ne s’inscrit pas dans son plan.
Il est difficile de croire que si nous nous montrons plus flexibles, Postes Canada prendra des décisions qui auront un effet positif sur les travailleurs et travailleuses, alors qu’elle-même se sert de la flexibilité pour créer encore plus de problèmes.
Si elle obtient de notre part des concessions majeures et que sa situation financière s’améliore, Postes Canada nous dira : « Vous voyez, nous vous l’avions bien dit », et ses cadres auront droit à une prime. Toutefois, après avoir dépensé des milliards de dollars ces dernières années, la Société devrait diminuer ses dépenses, améliorant ainsi ses résultats. Postes Canada brandit un épouvantail. Sa solution, et son plan depuis le début, sera de dévoiler une embellie de la situation si elle obtient ce qu’elle veut.
Si vous croisez M. Ettinger, dites-lui que vous croyez à l’amélioration du service postal public, et non pas à la réduction des services et des emplois de première ligne, et que vous allez défendre votre gagne-pain.
Honte à Postes Canada.
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