Il y aura dix ans, le 27 juin prochain, que le gouvernement fédéral conservateur de Stephen Harper imposait aux travailleurs et travailleuses des postes une loi de retour au travail qui nous privait du droit à la libre négociation collective et du droit de grève.
Les anniversaires sont le plus souvent des occasions heureuses, soulignées par des réjouissances et des cadeaux. Au 10e anniversaire, par exemple, il n’est pas rare qu’on offre une pierre ou un métal précieux. Toutefois, il n’en sera rien pour les travailleurs et travailleuses des postes. Ils souligneront le 10e anniversaire de la loi de retour au travail de 2011 en faisant valoir leur détermination et leur solidarité collectives à poursuivre la lutte pour les droits des travailleurs et travailleuses.
En 2011, le STTP menait, depuis quelques semaines, une grève tournante pour obliger Postes Canada à revenir à la table de négociation. Dans un geste sans précédent, Postes Canada a décidé de nous mettre en lock-out, nous interdisant de traiter et de livrer le courrier. Au lieu de lui demander de mettre fin au lock-out et de négocier de bonne foi, le gouvernement, sans égard à nos droits, a présenté une loi de retour au travail, obligeant la Chambre des communes et le Sénat à prolonger leur session. Il ne s’agissait pas d’une simple loi de retour au travail, car en plus de nous priver de notre droit de grève, elle comportait des amendes importantes si nous refusions de nous y conformer.
Certaines des dispositions de la loi comptent parmi les plus antisyndicales et les plus restrictives jamais incluses dans une loi de retour au travail au Canada. Les augmentations salariales imposées étaient nettement inférieures à l’offre finale de l’employeur, et le mandat de l’arbitre penchait largement en faveur de Postes Canada. Le régime de retraite étant en jeu, le STTP a pris la difficile décision de conclure une convention collective avec Postes Canada. Les travailleurs et travailleuses des postes ont payé un prix élevé dans un processus qui, dès le départ, leur était défavorable.
Le STTP a contesté la loi de retour au travail auprès de l’Organisation internationale du travail. Il a aussi contesté la loi devant les tribunaux, et il a obtenu gain de cause. En 2016, le juge Stephen Firestone de la Cour supérieure de l’Ontario a statué que la loi de retour au travail du gouvernement Harper violait les droits à la liberté d’association et à la liberté d’expression garantis par la Charte canadienne des droits et libertés.
Cette victoire, bien que nous en soyons très heureux, n’efface pas la violation inutile de notre droit à la libre négociation collective et de notre droit de grève. Nous avons accepté une entente moins qu’idéale pour sauver notre avenir financier. Dix ans plus tard, les travailleurs et travailleuses des postes continuent de lutter contre les patrons minables et les gouvernements qui prennent des mesures contraires à la loi. Nous sommes solidaires et plus que jamais déterminés à négocier des conventions collectives équitables.
Solidarité,
Jan Simpson